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Comment doser sa force et tenir son crayon ?

Fais-tu partie de ces gens qui gravent le papier quand ils dessinent ?
As-tu des souci de gommage : ta gomme ne gomme jamais assez fort ?
Est-ce que tu as des difficultés à ne pas appuyer sur ton crayon ?

Parlons-en.
C’est important.
Je te livre là quelques astuces qui changeront à tout jamais ton expérience en dessin.

Finies les traces de gomme, les coups de crayons trop appuyés, trop épais, trop brouillons, les croquis qui ressemblent plus à des gribouillages à de jolies esquisses !

Quel crayon de papier utiliser ?

Tout d’abord, il te faut connaître la classification – ou dureté – des crayons.
Le HB est au milieu, c’est le crayon le plus polyvalent. C’est celui qui t’intéresse ici, pour t’entrainer à moins appuyer.

Les crayons H, 2H, 4H, etc, servent aux traits de constructions, que l’on souhaite très légers. Ils sont dits « durs », ou « hard » en anglais… abrégé H. On n’appuie pas dessus… sous peine de graver le papier instantanément.

Les crayons B, 2B, 4B, etc, servent aux ombrages. Ils sont agréables pour noircir, contraster, bref, tout sauf être gommable, encore une fois. Ils sont dits « gras », ou « bold » en anglais… abrégé B. Tu me suis ?
Si on appuie dessus, on ne s’en soucie pas trop, car lorsque l’on ajoute les ombres et le contraste à un dessin, on est sensé être sûr.e de nos contours.
On ne les utilise pas avant !

Donc, pour commencer ton dessin comme ton entraînement, choisis un crayon HB : polyvalent, il va te permettre de tracer des traits légers et des traits plus appuyer, au fur et à mesure de l’assurance que tu acquiert au fil de ton dessin.

Où placer ses doigts sur le crayon ?

Un crayon, ça se tient entre le pouce et l’index, et se repose sur le majeur. Si tu souhaites en savoir plus, et voir mes explications à ce propos, une vidéo t’est accessible ici.

En plus, sache que plus tes doigts sont proches de la mine, plus tu auras de force sur ton crayon.
Toi qui souhaites alléger ton trait, je te conseille de mettre un peu de distance entre tes doigts et ta mine, au minimum 3 cm. Cela ne suffit pas ? Mets-les tout au bout du crayon. La crispation – et la douleur – occasionnées si l’on souhaite forcer dans ce cas devrait te dissuader ta main de conserver ses réflexes…

La bonne position des doigts pour tenir son crayon

D’ailleurs, de manière générale, si tu as mal à l’épaule, aux doigts, au poignet… après un dessin, c’est que tu y as mis trop de crispation, de stress, de force… Bref, détends-toi, c’est urgent !

Au cours d’un dessin, on peut aussi, même si l’on n’a pas de problème de force, rapprocher ses doigts au fur et à mesure.

  • Les traits de constructions seront les plus légers, réalisés avec des mouvements amples car on se concentre sur la globalité du sujet, ses proportions et contours généraux. On place alors ses doigts tout au bout du crayon
  • On peut ensuite souligner les bons contours, ceux que l’on souhaite conserver, ceux dont on est sûrs. Pour se faire, on place ses doigts à 2-3 cm de la mine. Puis on gomme le tout. C’est magique : tous les traits de construction s’effacent, les traits faux aussi, seuls restent les « vainqueurs » !
  • Puis, enfin, on s’attache aux détails et aux ombrages. Là, on appuie, on dégrade, on contraste notre croquis. On peut placer nos doigts près de la mine. Pour les détails, on pose le poignet, car nous n’avons plus besoin d’amplitude : on travaille dans le petit.
Doigts près de la mine de crayon
Doigts au bout du crayon

Comment savoir si je force trop ?

Si tu peux gommer le crayon sans conserver des sillons sur le papier, tu as le bon dosage. Si, en revanche, des sillons sont toujours là, même s’ils redeviennent blancs, tu appuies trop fort. Si tu n’arrives pas à gommer totalement tes traits, qu’il restent toujours un peu gris, c’est

  • soit que ta gomme est mauvaise. Opte pour la gomme « galet », qui ressemble à un galet blanc.
  • soit… que tu appuies trop fort encore. Courage !

Tu peux visionner tous mes conseils en vidéo, pour voir « en vrai » ce que j’entends pas là.

Le crayon : un moyen, pas un but

Changer d’état d’esprit peut aussi t’aider. Vois-tu ton crayon comme un moyen, ou comme un but ?
En d’autres termes, penses-tu que le dessin est un coup de main, ou que le coup de main est un moyen de parvenir à tes fins ?

Je te demande cela car si tu penses plus à ton crayon qu’à ton modèle, tu auras tendance à plus appuyer dessus.

Le dessin, c’est un coup d’œil, c’est apprendre à observer, affûter son regard, savoir retranscrire que nous... voyons.
Vois-tu maintenant comme la main et le crayon ne sont qu’un moyen pour arriver à notre but : un croquis ?

Essaie de penser plus à ce que tu vois, à tes yeux, à ton sujet, à ton dessin en lui-même.
Autrement dit, pense à « ce que tu fais », et non à « comment tu le fais ». Ca ira mieux.

Le syndrôme du soulignage

Est-ce que, lorsque tu n’es pas sûr de toi, tu traces 3 traits pour au lieu d’un seul ? Est-ce que tu te dis souvent :
« C’est presque ça mais pas tout à fait, mais pourtant si, mais en fait non, mais euh… et si je fonce plus, je verrai mieux ? »

ou bien :
« Non, ce n’est pas tout à fait ça, je gomme, je recommence…..mmm… Mais pourquoi je retombe au même endroit ? C’est comme ça alors ? Ce sont mes yeux qui voient mal ? Regardez, mes yeux, si je fonce, vous verrez mieux. »

Je pointe le syndrôme du soulignage

Je te le dis tout net : non, si tu fonces, tu ne verras pas mieux. Tu vas juste foncer ton trait. Tu n’y gagneras rien.
Tu risques même d’y perdre !

En traçant 3 traits pour un seul, tu perds de la lisibilité. Tu demandes à ton spectateur de choisir pour toi.
« euh… je n’étais pas sûr.e, alors j’ai noyé un peu le poisson. On y verras que du feu. »
Le souci, c’est que ni toi ni personne ne distingue plus rien. Dommage !

La solution ici est de conserver des traits légers, lorsque tu te corriges. Dessine d’abord le trait juste, corrigé, avant de gommer le trait faux. Ce sera considérablement plus simple !
Et cela t’évitera à chaque fois de reproduire la même erreur. Autrement dit, ne gomme plus avant de recommencer, mais corrige avant de gommer.
Sinon, même moi, je retomberais au même endroit. C’est ainsi que fonctionne l’Humain.

Suggestion : le lâcher de crayon

Enfin, en dernière astuce, tu peux t’amuser à « lâcher » ton crayon.
C’est ce que je montre à la fin de la démonstration de ma vidéo ci-dessus. Cela consiste à appuyer comme un boeuf sur le crayon lorsqu’on le pose, puis lâcher la force en le dirigeant vers la droite.
Cet exercice apprendra à ta main qu’elle aura beau tout lâcher, si la position de tes doigts (voir premier paragraphe) est correcte, le crayon restera en elle !

Ta main peut lâcher prise !

Lâcher de crayon !

Conclusion

Tu as maintenant plusieurs cordes à ton arc pour savoir doser ta force :

  • tu sais quel crayon utiliser
  • comment le tenir
  • tu sais identifier quand trop c’est trop
  • on a vu ensemble comment contrer le syndrôme du soulignage
  • et le lâcher de crayon sera ton arme secrète pour dresser ta main à moins se crisper autour du crayon !

Si tu suis mes conseils, un monde de douceur et de subtilités t’attend, et ton crayon de papier va danser sur le papier !
Dis-moi en commentaire si cet article t’a aidé.e, ça m’intéresse vraiment !

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